ELEMENTAL II _ Eliane Radigue

A piece written for solo electric bass. Recorded by Kasper T Toeplitz, on RecordingsOfSleazeArt (or r.o.s.a.)

some press

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Other Music in New York, writes:

One of our favorite minimalists returns with a more recent work and despite Radigue's back catalog of transcendent studio electronics, this marks the first piece composed to be played live. In this recording, Kasper T. Toeplitz plays electric bass, but we'll be damned if the thunder stick ever sounded so low and deep. For as much as works like Adnos I-III were heavenly, Elemental II is evocative of plate tectonics and the sounds made deep within the Earth's core. As the piece evolves though, the subtle rumble slowly accrues around it a humming field of electricity, all of it slowly glowing like lava. A real melter that also made The Wire's Top 50 for 2005. [AB]

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WIRE march 2005

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** MOUVEMENT N°100

François Bon
Eliane Radigue jouée par Kasper T Toeplitz

En littérature, peut-être qu’on apprend à moins se confier aux étiquettes internes. A qui appartiennent Artaud ou Koltès ? En musique, l’impression bizarre c’est qu’on ne laisse pas le choix aux compositeurs. Pourtant, c’est d’évidence, tous les musiciens qui nous concernent au plus près s’y promènent transversalement. Un art noble d’un côté, orchestre et partitions, et un art populaire de l’autre, avec ses amplis ; on commence à lever les rideaux. Mais qu’on se promène chez un marchand de disques, ça devient terrible. Cherchez les compositeurs du rayon « contemporain », il faut aller derrière la « musique ancienne ». Travail auquel on concède l’existence parce que d’aucuns ont trouvé malgré tout grâce commerciale. Les magies d’Arvo Pärt (je révère Arvo Pärt) ont droit de rayon plus que les constructions abstraites de Giacinto Scelsi (un monde pourtant, Scelsi). Vous trouverez Steve Reich, John Cage ou Philip Glass comme preuve que le « contemporain » a droit de cité.. On reproduit le schéma pour nos quelques compositeurs français qui surnagent avec tête de file. Mais les musiciens mêmes qui s’activent là-dessous ont bousculé la règle : voilà un violoncelliste « contemporain » qu’on trouve sur les routes avec des chanteurs africains, et le lendemain en duo électrique avec un percussionniste. Voilà, à l’arrière-plan d’un spectacle de danse, un musicien « contemporain » qui joue lui-même ce qu’il a composé, et dont la partition inclut une partie improvisée : la danse (pour Toeplitz, d’Emmanuelle Huynh à Myriam Gourfink) a offert un peu de possible à la musique, qui simplement ne se divise pas. Le statut de l’improvisation est essentiel : il suffirait à vous classer l’étiquette côté « jazz » ou côté « noise » même pas selon la puissance en watts, mais selon la salle où on joue. L’improvisation fait toujours sous-catégorie, alors qu’elle ressource à distance nos disciplines, littérature comprise. Kasper est peut-être plus connu, comme d’autres avant lui, à Chicago, Berlin ou Barcelone. Mais il est de ces profils dont chacun, en France, dans ces lieux où on expérimente, connaît le prénom ; dites « Kasper » et ça suffit. Il a longtemps mené un ensemble de guitares électriques (Sleaze Art), et n’a jamais délaissé sa basse, qu’il transforme à mesure (cordes harmoniques, longueur accrue du manche, capteurs MIDI). Depuis quelques années, le logiciel de programmation Max/MSP, né à l’Ircam, est devenu pour lui un accompagnement scénique : l’ordinateur devenu lui-même instrument et non pas abandon à l’électronique. Eliane Radigue, c’est lui qui m’a fait découvrir. On ne connaît même pas nos meilleurs compositeurs : elle en a pourtant l’âge, la hauteur, la force. Elle a travaillé avec Pierre Schaeffer et Pierre Henry, elle est la compagne du sculpteur Arman. Elle compose chez elle, sur des synthétiseurs analogiques dont elle a tout un mur. On trouve sa Trilogie de la mort, composée sur quinze ans : mais pas au rayon « contemporains » des disquaires de masse. C’est Kasper qui a commandé à Eliane Radigue ce bloc de cinquante minutes solo sans ajout ni doublage pour sa basse. Elle lui répond par ce mouvement dans les quatre éléments – la terre, l’eau, la chaleur, le souffle –, puis dans un mouvement ultime qu’elle intitule « Espace, vibration ondulatoire ». Elle dit qu’un des enjeux essentiels, pour écrire ce qu’elle souhaite écrire, c’est l’écriture elle-même, sa forme, son langage. Elle parle de « neumes », de « représentations graphiques » associées à une « transmission directe ». Ces cinquante minutes m’accompagnent dans l’écriture, comme longtemps m’a accompagné sa Trilogie de la mort. Une largeur, une sérénité, des micro-rythmes, des élancements de sons ultra graves sous des nappes aiguës travaillées du dedans. A nous de chasser les étiquettes. A propos : pour diffuser Elemental II, les 50 minutes de basse solo composées par Eliane Radigue pour Kasper T Toeplitz, celui-ci a dû créer sa propre maison de disques (Recordings Of Sleaze Art).
François Bon

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** Phosphor Magazine march 2005

eliane radigue elemental II CD
The first CD in the new series of Sleaze Art features Eliane Radigue, known for instance for her 3CD box Adnos on Table of Elements (2002). Eliane Radigue has been composing music since the late 1950's, specializing in organic ambience in which sounds move in a continual flow around the listener. This time the music has been recorded live at the Festival Cités Soniques in Paris (24.01.2004) with Kasper T. Toeplitz playing electronic bass. The music does not just start as a deep drone, minimal shifts in sound and the occurance of a high-pitced tone, slowly moving to the foreground, give the music another occurance and the listener the idea of a process. This is only noticable over longer periods, which give the music an extra sensibility. The elements (earth, water, fire and air) are slowly changing, like the seasons during the year.
A lovely refined piece of music that should be listened to with some patience.

Paul Bijlsma

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Eliane Radigue ELEMENTAL II ROSA 01

The inaugural release on Kasper T.Toeplitz's new label ROSA (Recordings Of Sleaze Art) is nothing less than a composition by Eliane Radigue, one of the very few artists who can really claim the copyright of the term "minimalism". In a blindfold listening session, one could be fooled into thinking it's a work for electronic tape, but it was recorded live at the Cités Soniques Festival in Paris in 2004 and the clouds of mystery thicken when you read that the only sound maker involved is Toeplitz himself, on an electric bass that I failed to identify throughout the piece – and that's meant as a compliment. Elemental because it's a representation in sound of the five basic elements, but also elemental in terms of the fundamental energy that's been the essence of Radigue's output for decades. As soon as the first waves start, an intense subsonic activity is at work purifying our nervous system, the protective barriers raised by these frequencies constituting a comfortable refuge during a continuously flickering yet slowly changing state of emergency, memories of early human activity evoked in a decaying 8mm film. This cocoon generates electricity, but it also attracts bewildering calls from beyond, purposeful indications of new ways of approaching the reeling holiness that only Radigue can depict. Elemental II is a fresh take on ancient literature, music that moves towards the centre of a gravitational architecture based upon the extremes of the audio range, but it's also a spectacular reproduction of eternal sound, the mass of vibrations that probably gave birth to primitive forms of life itself. Being surrounded by Madame Radigue's undying cycles of slow motion radiance is one of the most wonderful experiences a sensitive listener could aspire to.—MR