Les Naines Brunes

un projet multimédia de

Myriam Gourfink & Kasper T. Toeplitz

 

LES NAINES BRUNES

Une Naine Brune est un objet substellaire ayant une masse qui se situe entre les planètes les plus massives et les étoilés les plus petites.
Une naine brune peut avoir réussi a démarrer des réactions de fusion, mais n'ayant jamais atteint un état stable elle finit par "s'éteindre".

C'est en quelque sorte une étoile avortée.

Le projet Les Naines Brunes imaginé et porté par Myriam Gourfink et Kasper T. Toeplitz se situe à l'intersection de différentes disciplines artistiques (Danse, Musique électronique et Live Vidéo) qui est pensé, selon ses possibles déclinaisons, autant pour des lieux d'exposition, l'espace du Net, mais également comme une forme vivante, "live", plus traditionnelle, devenant selon les possibles, un concert, un spectacle de danse ou un alliage des deux. C'est donc une matrice pouvant donner lieu à différentes formes autonomes.

A CE JOUR EXISTENT :

NAINES BRUNES #1 "TEIDE 1"
Nommé´d'après la première Naine Brune découverte (en 1995), ce premier volet du projet est un film vidéo, un objet numérique enveloppe de sons électroniques, une forme a déguster sur écran avec un son puissant.
COMPOSITION, MUSIQUE, IMAGES Kasper T. Toeplitz
CHORÉGRAPHIE, DANSE Myriam Gourfink
FILM

NAINES BRUNES #2 "CM DRACONIS"
CM Draconis est un système triple de la constellation du Dragon composé de deux naines rouges presque identiques auxquelles s'ajoute une naine blanche

Ce second volet du projet adopte la forme d'un concert, mis en espace et accompagné d'une vidéo interactive déployée sur des écrans multiples qui sont également le lieu de la danse.
COMPOSITION, MUSIQUE, BASSE ÉLECTRIQUE, IMAGES  Kasper T. Toeplitz
PERCUSSIONS, TAM ET FX ÉLECTRONIQUES Didier Casamitjana  
CHORÉGRAPHIE ÉLECTRONIQUE Myriam Gourfink

NAINES BRUNES #3 "CoRoT-3"
La troisième déclinaison s'inscrit plus dans le domaine de la danse présentée toutefois avec la musique jouée en direct puisqu'au solo de la danseuse se joint une musicienne jouant sa partition par-dessus des multiples couches sonores d'elle-même – une proposition qui pourrait faire un écho imaginaire à CoRoT-3 qui est une étoile naine jaune-blanche, plus massive, plus grande, plus chaude et plus lumineuse que le soleil, située dans la constellation de l'Aigle.
COMPOSITION, MUSIQUE, IMAGES Kasper T. Toeplitz
COR ET COR AMPLIFIE Elena Kakaliagou
CHORÉGRAPHIE Myriam Gourfink

FILM

À PROPOS DE LA MUSIQUE
Une partition électronique très dense, dont la densité et l'empilement des couches pourraient être la définition même, une musique pouvant s'apparenter au mouvement HNW, composée uniquement de sons de synthèse, génères dans le moment du jeu, produits sur un synthétiseur (software), qui repose la question de la structure d'un synthétiseur classique (traditionnellement une synthèse soustractive ou additive) en envisageant une synthèse a base de la génération de diverses couleurs de bruits et variables de ceux-ci, de leur interactions : le bruit étant autant le sonore produit qu'outil de son contrôle – contrôler le bruit par le bruit lui-même afin de produire une masse prégnante, lourde et à évolution lente dont la musicalité sera bien plus surement présente dans les (innombrables) microscopiques accidents que dans la gestion de la macrostructure ; Il s'agit bien plus d'un état, d'une longue avancée d'un état immersif et enveloppant que d'une musique accompagnant des images
- Kasper T. Toeplitz

A PROPOS DE LA DANSE
Les naines brunes sont dans mon imaginaire comme un buisson ardent qui jamais ne se consume et nous invite à distinguer, à l’intérieur de son rougeoiement, la multitude de ses branches et brindilles. Comment danser en maintenant cette friction entre l’unité et la pluralité ? Comment danser ce mi-chemin qui brûle avec constance et donne à voir la diversité contenue dans la fusion et l’unité possible du multiple ?
Peut-être serait-ce une danse dessinant des orbes et dont le centre serait la sphère de l’espace de la poitrine, à partir de laquelle rayonneraient les gestes dissociés des membres, du bassin et de la tête ? Un jeu pourrait consister à déplacer le centre des orbes : selon les cycles, celui-ci pourrait remonter au cœur du crâné, descendre dans les profondeurs du bassin, s’inscrire au creux d’une articulation, ou bien encore être scellé dans la moelle d’un os.
Les naines brunes m’invitent également a réfléchir à nos jeux de distance ou, autrement dit, de proximité : en ce que les naines brunes ne libèrent ni la chaleur de la « fusion stellaire », que j’associe à nos relations fusionnelles, ni ne dégagent un froid glacial que je relie a l’indifférence relationnelle. Elles me renvoient à l’art de bien mesurer les distances de nos relations avec nous-mêmes, les autres êtres vivants ou l’espace. Elles me posent la question : au juste c’est quoi l’intimité, c’est
comment être proche ? Alors je me demande quelle sorte de danse pourrait évaluer et réajuster, à chaque fraction de seconde, un rapport d’espace permettant d’attiser, avec constance, le rougeoiement des feux du désir ? Peut-être celle de nos gestes et transfers d’appuis portés par les vibrations des flux qui sans cesse nous traversent : la danse du souffle, celle des circulations sanguine et lymphatique. Ces différents flux pourraient animer cycliquement un jeu avec les variables d’un spectre de rapports d’espace entre les parties du corps en action et un centre de référence. Ces cycles induits par les flux ne seraient pas nécessairement superposés aux cycles des dessins des orbes autour des centres, bien au contraire, les deux matériaux pourraient se tuiler générant ainsi la friction tant souhaitée. Ainsi l’interprète devrait corréler dans l’action une matrice ouverte composée de cycles aux durées variables où seuls les composants des gestes et transferts de poids ainsi que les centres de référencé sont connus, avec une autre matrice ouverte composée de cycles (dont les durées là encore varient) proposant uniquement des indications de changement de distance entre des parties de corps connues et un centre inconnu, notons que les indications de cette dernière matrice seraient d’ordre opératique, ce qui confirme dans mon imaginaire l’hypothèse selon laquelle cette danse, sans cesse en transition, serait engendrée par des flux. La première matrice viendrait ainsi renseigner les informations manquantes de la seconde matrice et vice-versa. Les durées des cycles des deux matrices étant changeantes, à chaque réitération les données se combineraient différemment.
L’objet vidéo offre des perspectives inespérées pour étudier ce que donne à sentir cette danse qui reste ouverte à l’inattendu. Transformations des images du corps, fusion ou fragmentation de son entité, déploiement onirique allant jusqu’à la transfiguration des chairs en lumière... Les images seront autant de supports de réflexion pendant le processus d’écriture chorégraphique : des allers-retours s’effectueront entre leur création et le vécu psychocorporel, pour tenter de saisir au mieux cette danse rougeoyante et de la rendre encore plus palpable par le biais d’une abstraction. Et là encore, au cœur même du processus de composition, le projet Les Naines Brunes offre à vivre la friction entre le potentiel illimitée des images numériques et la finitude du corps de chair.
- Myriam Gourfink