Unfinished Metal Waves
(Kasper T Toeplitz)

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Dans le numéro 226 (mars-avril 2006) des "Cahier de l'ACME" le compte rendu de la création de Unfinished Metal Waves, lors du festival Images Sonores, à Liège

IMAGES SONORES / LIEGE (par André Defossez)

(...) création d'une pièce pour (un) tam et (un) ordinateur portable du compositeur et bassiste polonais Kasper T. Toeplitz (...)
(...)
Kasper T. Toeplitz explore une troisième voie; celle de l'auteur-manipulateur, armé de son ordinateur comme d'un instrument "live" à part entière.
Sa pièce Unfinished Metal Waves est taillée sur mesure pour un tam géant (prés de 2 métres de diamètre) joué par deux percussionnistes (dont l'aspect physique de la performance n'est pas le moindre). Le tam, équipé de microphones et de micros de contact, fournit sa "pâte sonore", extrêmement riche et subtilement modelée, à un troisième musicien, l'auteur en personne, qui intervient par filtrage, resynthèse granulaire et autres actions en temps réel à l'aide de son laptop et d'un simple boîtier de commandes MIDI rotatives. On est presque dans l'image du DJ, sauf qu'ici le disque est un tel monstre, qu'il faut bien deux aides pour l'apprivoiser...
Le résultat est un spectacle à part entière (le jeu des parcussionnistes est aussi chorégraphie) dont je suis sorti avec avec un contentement particulier, celui d'avoir élargi mon expérience perceptive à des sensations préalablement "inouïes". On ne croise pas tous les jours un tam "Microphonie" (c'est le nom du modéle, en référence à la pièce éponyme de Stockhausen, en 1964). Et il faut être puissant sorcier pour s'en jouer de la sorte sur le temps, sur la couleur, sur l'espace, le mutiler ou le magnifier, le tailler dans sa masse, tout cela avec des outils apparement dérisoires. L'expérience est réellement unique, comme peut l'étre celle d'écouter le Niagara au pied des chutes. Je ne crois pas qu'un enregistrement puisse en restituer la dimension.
Quant au titre de l'oeuvre, on comprend à la fin qu'il doit être pris au pied de la lettre: aprés plus d'une heure de ce déferlement contrôlé d'ondes de métal, alors qu'un premier percussionniste, puis le second, puis l'auteur, ont tous quitté l'arène, le tam continue, plusieures minutes durant de nous parler, de modifier ses allures come s'il n'avait pas besoin d'être joué, comme s'il n'allait jamais s'arrêter. Inachevées donc, mais avec juste un petit regret: lorsque le public, suspendu jusqu'au dernier fifrelin vibratoire, se décide à applaudir, point de salut: l'équipage a quitté le navire...

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